et voilà, c'est reparti, encore une fois. il était pas beau owen alors qu'il se relevait difficilement, il avait la gueule en sang il avait du liquide sombre qui coulait sur son visage, de fines lignes couleur rubis qui partaient de ses cheveux pour perler une fois arrivées au menton. il s'essuie les lèvres du revers de la manche il essaie d'avoir l'air cool mais c'est foiré. c'est reparti. on y retourne. il a l'habitude owen, il a la démarche relaxée, les yeux qui observent autour, les mains dans les poches. il fait bien nuit, nuit noire. le genre de nuit de mauvaise augure que la madre aimait pas trop. (mais elle est enterrée, ta madre owen). elle est enterrée et elle voit plus le ciel. elle pourra pas lui dire owen, rentre à la maison avant qu'il ne fasse nuit. qu'est-ce qu'il a à faire de quelque plouc qui voudrait lui faire les poches de toutes façons ? il fait peur à voir.

c'est toujours comme ça. owen il a juste pas de chance, il le sait, il s'en fiche. le sang a séché sur ses joues pâles. il a des vertiges. il rentre à pas hésitants dans le hall de l'immeuble, observe la crasse, évite les toiles d'araignées. ça a toujours été comme ça, l'environnement d'owen. la misère. le bordel. quand le décor part en roue libre, tu sais que ses habitants seront pas des lumières. il grogne. il aurait bien aimé en être une, de lumière. un génie, un mec révolutionnaire, qu'on admire. mais... non. il est juste... owen.

personne dans l'appartement. plus d'électricité. probablement plus d'eau non plus, qui sait. l'holokit sonne. owen répond pas. il dort à moitié, il est comme mort sur son canapé. au moins il a nettoyé son visage. y a plus de sang, juste une plaie moche sur le haut de son front. il a l'air con. très con, mais ça le change pas de d'habitude. on laisse un message vocal sur son holokit. le bordel se lit tout seul, il soupire longuement. on a pas de nouvelles owen. une pause, il hausse les sourcils. c'est sa sœur, enfin il suppose, il déteste tellement sa voix qu'il a fini par essayer d'oublier son existence. c'est pas que ça me préoccupe, hein, tu sais bien. ah, voilà. le problème de leur haine c'est qu'elle est réciproque et qu'ils partagent le même sang. papa s'est souvenu de ton existence et il veut des nouvelles, en fait. ou de l'argent, je sais pas trop. owen. faut que tu reviennes. tu sais, johto c'est mieux qu'astéria. vraiment. qu'est-ce que tu es allé faire là bas ? t'as fui ? t'es lâche, pour changer. elle a pas forcément tort, mais il a juste pas le courage de revenir. johto c'est la terre qui a vu sa daronne mourir. il y retournera pas, il a pas envie. il est peut-être un peu lâche owen, ouais. il éteint l'holokit sans prendre la peine d'écouter la fin du message. il réfléchit, owen. beaucoup. il se pardonne. peut-être. il suppose. de toutes façons, le prix du voyage astéria-johto est bien trop cher.