il faisait vraiment trop moche à vulpecula, ces derniers temps. en fait, il faisait beau, mais il faisait terriblement humide, et les flaques jonchaient encore les trottoirs. et ça avait le don de saouler saturne, qui ne voulait pas trop ruiner ses air max blanches - voire immaculées, en fait. surtout que cradopaud se faisait un malin plaisir à aller se rouler comme un demeuré dans les flaques boueuses, pour le plus grand malheur de son dresseur.

✯ tu me saoules, cradopaud. tu le fais exprès, hein ?

son pokémon lui répondit avec un grognement rauque, un sourire moqueur bien inscrit sur son visage. pfff. bref. saturne haussa les épaules, bien décidé à ignorer son crapaud maléfique. il était à vulpecula pour... affaires, on va dire. non en vrai il faisait une escale à vulpecula avant d'aller chasser du celebi dans les marais de la route 04, vers l'arbre millénaire, là. en somme, ç'aurait été con qu'il lui arrive une tuile ici alors qu'il n'était là que pour quelques heures.

il s'inquiétait un peu pour sa team, qu'il avait laissée presque sans surveillance. bon, bien sûr il avait des subordonnés à qui il faisait confiance et qui étaient capables de gérer tout les sbires, mais tout de même. la présence de saturne aidait beaucoup à conserver un semblant de paix au sein du qg. et le gonze n'avait que dix-neuf ans. m'enfin, il faisait plus vieux, il était bien forcé.

bref, tout se passait pour le mieux pour saturne quand il s'était rendu compte qu'on essayait de lui faire les poches. oh. ah. il avait surtout senti une main se glisser dans sa poche et euh ? non ? il sursauta violemment, surpris. son premier réflexe fut de chopper le poignet de monsieur le voleur et de l'empêcher de se barrer avec son porte-feuille.

✯ euh... je peux vous aider peut-être.

Je fredonne.

C’est si simple, dans ce monde-là, que de basculer d’un état à un autre, que de tout voir s’effondrer en un battement de cil, tant et si bien que je suis incapable de me retenir de fredonner. À quoi bon s’accrocher à des rêves, à en être désespéré, lorsque tout peut être pris à la légère ? C’est ce que je fais alors que je m’avance au hasard, tapant dans les cailloux que je rencontre sur mon chemin. Toi, Flamiaou, tu préfères sauter d’une flaque à une autre, éclabousser tout autour de toi, alors je maintiens une distance entre nous. Ne salis donc pas mes vêtements, avec tes bêtises ! Mais tu t’amuses tant que je n’ai pas le cœur à t’arrêter.

Non, je me contente de fredonner.

La seule chose qui m’interrompt, c’est toi. Plutôt ironique. Je remarque ton arrêt, ta façon de te dandiner comme si tu t’apprêtais à bondir alors je lève les yeux, observant plus loin un autre dresseur (si petit, que j’aurais pu le manquer). Oh, je vois où tu veux en venir, Flamiaou. Comme tu es vilain !

Je cesse de fredonner, parce que le jeu a débuté. Et je marche d’un pas aussi silencieux que possible, malgré le sol boueux. Plutôt une difficile tâche. Chaque pas m’enfonce un peu plus et mes chaussures ne ressemblent plus à grand-chose lorsque je l’atteins, passant près de lui pour glisser ma main dans sa poche. Bon, j’ai réussi à lui dérober son portefeuille mais pas de manière suffisamment discrète pour m’en aller aussitôt. M’attendais-je réellement à m’échapper aisément ? Heh.

Tu m’observes de bas et ça m’amuse, même si tu me détiens, le bras emprisonné entre tes serres. Je n’essaie pas de te fuir, de te faire lâcher, loin de là. J’habille au contraire mes lèvres d’un fin sourire, prouvant mon amusement et l’absence totale de culpabilité. Je siffle un coup pour donner le signal à Flamiaou qui bondit et attrape entre ses crocs mon butin, puis il se réfugie derrière moi, son petit corps camouflé en partie par mes jambes. Je lance un rapide coup d’œil à son Cradopaud, me demandant s’il compte réagir.

« Oops ? »